Christopher Isherwood évoque à travers les six récits qui composent ce recueil ses années à Berlin de 1930 à celle, funeste, où Hitler est élu. Il y enseigne l'anglais, vit de façon chiche et essaie, plus ou moins, d'écrire un nouveau roman. On retrouve dans ce livre -ou on la découvre- la Sally Bowles que Lizza Minelli interprétera plus tard dans le film fameux 'Cabaret' inspiré du livre. On y rencontre de nombreux jeunes gens perdus, de petites gens vivant avec difficulté et d'excellentes gens du meilleur monde.
Si 'la grâce d'écrire' a bien un sens, c'est à propos du style de Isherwood : sans aucune affectation, aucune recherche d'effet sauf celui de restituer la vie telle qu'elle est au quotidien, il parvient à un merveilleux réel, léger comme l'insouciance, profond comme la vérité.
Pourtant, les périls s'accumulent. La marée brune ou noire monte devant lui. Il la voit, s'en inquiète un peu, mais -semble-t-il- pour mémoire : il en prend bonne note et continue à vivre avec gaieté. Est-ce l'expression sensible du flegme britannique ?
L'édition entre nos mains est celle de la revue Fontaine dans sa collection de littérature anglaise que dirigeait en particulier Max-Pol Fouchet et intitulée 'La malle de la Manche' ; sans doute celle d'une poste anglaise qui nous apportait alors le courrier de nos voisins.
On y lit que le titre anglais du livre était 'Goodbye to Berlin', très anglo-saxon par son sens de l'action. Le titre français choisi ici -ces 'Intimités berlinoises'- est presque meilleur : c'est que, dans ses rapports étroits avec les êtres, Isherwood délaisse le monde qui se désagrège autour de lui.